Vaudou et zombis le secret révélé - Comment ressusciter les morts







J'emprunte cette dénomination à un ancien détective canaque qui préfère garder l'anonymat, car les sorciers vaudous ne lui veulent pas que du bien.

C'est lui en effet, qui est en partie à l'origine de la découverte du secret des morts-vivants.



Au risque de décevoir les jeunes cinéphiles amateurs de zombis, qui restent assez nombreux malgré la rude concurrence des vampires, je me sens contraint de leur avouer que ces morts-vivants qui font frémir une partie de la planète sont bien réels, mais n'ont rien de magique. Ils sont le produit d'un conditionnement psychologique, mais surtout d'une combinaison de substances animales et végétales d'un dosage si précis qu'on peut le qualifier de scientifique, bien qu'il émane de prétendus sorciers.



Originaires du Bénin, les pratiques vaudoues ont suivi les migrations africaines, principalement au Brésil et en Haïti, où elles demeurent très fortes. Outre les envoûtements, transformations animalières et autres maléfices, le rite qui les a popularisées est cette fameuse « résurrection des morts » qui, on va le voir, tient moins de la magie noire que de l'esclavagisme.



La vérité sur ces techniques aussi atroces que raffinée a donc été découverte, conjointement, par un détective de Nouvelle-Calédonie et un chercheur du muséum d'Histoire naturelle de New York, Wade Davis. Ce dernier, passionné par les poisons vaudous, avait décidé d'enquêter sur le terrain, suite à la mort dûment constatée et à l'enterrement de Clairvius Narcisse, un Haïtien qui venait soudain de réapparaître.











Le récit de ce zombi repenti ressemblait à celui d'une expérience aux frontières de la mort. Narcisse s'était retrouvé à demi conscient dans son cercueil, six pieds sous terre,, totalement paralysé. Du coup, il en avait conclu que son âme était en stand-by, et devait s'armer de patience avant de pouvoir quitter son corps. C'est alors qu'un initié vaudou l'avait déterré, affirmant l'avoir ressuscité à distance par un rituel. Narcisse lui devait la vie ; il fallait donc en payer le prix. Après lui avoir fait boire un breuvage « revitalisant », l'initié l'avait emmené travailler en clandestin dans une de ses plantations, le menaçant de le renvoyer dans l'au-delà s'il lui désobéissait. Scénario classique de la zombification. Sauf que le mort-vivant avait réussi à s'échapper.






Au terme d'une enquête à haut risque en milieu vaudou, Davis parvint à s'immiscer dans une séance de préparation de poisons. Il réussit à dérober quelques échantillons, qu'il fit analyser au laboratoire du muséum dès son retour à New York. C'est là qu'on découvrit, parmi de nombreuses spécialités végétales aux combinaisons subtiles, le principale composant qui produisait les apparence de la mort clinique. Il s'agissait de la toxine contenue dans le foie du poisson-ballon, ou poisson-globe, appelé fugu par les gastronomes fortunés du Japon. Là-bas, seuls des cuisiniers agréés ont le droit de préparer ce poisson sacré qui tue, malgré les précautions draconiennes des plus grands restaurants, une quinzaine de privilégiés par an. Sa neurotoxine hépatique, comme il est recommandé de le spécifier dans le menu, est cinq cents fois plus active que le cyanure.






En Nouvelle-Calédonie, pendant ce temps, le détective canaque sursaute en entendant à la radio que le fugu fabrique des morts-vivants. Il connaît, en tant que pêcheur, l'antidote de ce poisson, une plante nommée duboisia. Il lui doit la vie. Or cette plante est de la famille du datura, bourré d'atropine et de scopolamine, idéales pour réveiller un cataleptique. Ses feuilles ont également le propriété d'embrumer la mémoire et de rendre docile, par l'effet d'un peptide récemment isolé. Le détective appelle le muséum de New York.



Cette découverte en deux temps permit donc d'établir la recette de fabrication du zombi. Vous prenez une personne sélectionnée pour sa bonne condition physique (à quoi bon un esclave souffreteux ?), vous saupoudrez l'intérieur de ses chaussures de venin en poudre issu de foie de fugu, et vous laissez le poison imprégner la peau avant de pénétrer lentement dans le sang, jusqu'à la catalepsie que le médecin légiste confondra sans problème avec la mort - à condition que le dosage du poison soit d'une précision extrême, sinon le zombi potentiel décédera pour de bon. Ce n'est pas de la sorcellerie, mais de la biochimie de haut vol.



Il n'y a plus ensuite qu'à déterrer et reconditionner le faux cadavre en lui administrant par voie orale une décoction de datura, là encore savamment dosée, qui éliminera les effets du poison tout en rendant le ressuscité amnésique et corvéable à merci.



Couvert d'honneurs, le chercheur du muséum de New York raconta son enquête dans un livre, et le détective canaque voulut publier sous pseudonyme une bande dessinée intitulée ZOC - Zombi d'origine contrôlée, qui ne trouva pas d'éditeur. Septuagénaire, veuf et remarié à une œnologue, il est aujourd'hui viticulteur en France.



Malgré l'explication scientifique médiatisée et les campagnes de « désensibilisation », le phénomène zombi perdure en Haïti, présenté parfois comme une réponse occulte à tous les drames subis par cette île. Mais si l'on essaie de trouver des statistiques sur internet, on ne tombe que sur un modèle mathématique de l'université d'Ottawa appliqué à l'éventualité d'une invasion de zombis, avec calcul des probabilités pour que l'espèce humaine échappe à l'extinction¹.





1. www.mathstat.uottawa.ca
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