Expérience extra-corporelle où la projection astral

L'idée selon laquelle l'homme peut, de son vivant, s'arracher à son corps remonte à l'aube de l'humanité et l'on retrouve des termes désignant ce concept spirituel dans différentes civilisations. C'est à partir de ces concept qu'apparut très tôt la notion de « corps astral »

Larry Mayer eut le sentiment de léviter, et pourtant son corps n'avait pas bougé. En dessous de lui, il se voyait nettement couché, à côté de Mary, son épouse endormie. Tout se passait comme s'il était « sorti » de son propre corps. Depuis quelque temps déjà, Mayer cherchait à vivre une expérience extra-corporelle en faisant appel à la transe et aux méthodes de concentrations aiguë. Cette nuit là, il semblait enfin être parvenu à ses fins… mais peut être cela n'était qu'une illusion, un simple rêve ?

De fait, il fut d'abord en proie aux doutes. « J'ai vraiment une imagination fertile » se dit-il en riant. Pourtant cela paraissait bel et bien réel. Sa vison plongeante de la chambre était trop nette, trop précise pour que ce fût un rêve. Afin de s'assurer de la réalité de l'expérience, Mayer voulu tenter l'impossible. Près du plafond où son corps flottait, il regarda par la fenêtre de la chambre à coucher. Il vit au loin une ligne de chemin e fer et se demanda aussitôt s'il lui serait possible de l'atteindre. À peine cette idée lui était-elle venue qu'il franchit les vitres comme par enchantement et se retrouva en train de planer, à l'air libre. Il parvint facilement jusqu'à la ligne de chemin de fer et se retourna alors pour regarder la fenêtre de sa chambre, qui lui parut particulièrement petite. Ensuite il suivit la voie ferrée. L'impression était grisante : Larry Mayer s'étonna surtout de découvrir un paysage familier sous un angle inédit.

LE PARADIS À PORTEE DE MAIN

Et puis Mayer aperçut au-dessus de lui un étrange tunnel de brume suspendu dans les airs. Il ne put résister à la tentation d'y pénétrer, sans se douter de ce qui l'attendait. Alors qu'il flottait librement à l'intérieur du tunnel, le piège se referma brusquement sur lui. Des centaines de mains surgirent de la brune opaque, agrippant son corps. Mayer, pris de panique, tentait de repousser ses agresseurs sans visage quand soudain la brume à l'extrémité du tunnel se dissipa, révélant un paysage de montagnes d'une époustouflante beauté. Une lumière beige pastel en baignait les splendides sommets. Dans le ciel d'un bleu limpide brillait un soleil doré. Le paradis qui s'ouvrait devant lui paraissait accessible, mais il avait l'intuition que le moment n'était pas encore venu.

Effectivement, alors que Mayer contemplait ce sublime panorama, des mains venues de nulle part l'empoignèrent. À peine s'en aperçut-il qu'il réintégra sa dépouille charnelle. Il était de nouveau étendu sur son lit, haletant et en sueur. Larry Mayer resta éveillé, songeant longuement à ce qu'il avait vécu : était-ce autre chose qu'un rêve particulièrement marquant ? Etait-il possible, sinon, que l'essence de son être – son âme peut être – ait quitté son corps pour rejoindre une autre dimension ?

ANCIENNE CROYANCE

L'idée selon laquelle l'homme peut, de son vivant, s'arracher à son corps remonte à l'aube de l'humanité et l'on retrouve des termes désignant ce concept spirituel dans différentes civilisations. Chez les Egyptiens, l'essence de l'homme était le Kâ et le Bâ, chez les Grecs, la psyché et le noûs. Chez les Hindous, il est question de atman et jiva. Les Musulmans désignent la partie spirituelle de l'homme par les mots de sirr, ruh et nafs ; les Juifs par ceux deneshamah, ruah et nefash. Même au moyen âge, les penseurs étudièrent les liens mystérieux entre l'anima divina et l'anima humana.

C'est à partir de ces concept qu'apparut très tôt la notion de « corps astral », une sorte de pendant immatériel du corps physique selon les occultistes. Normalement, les deux corps coïncident à l'état de veille, si bien qu'il est impossible de les distinguer. Mais l'usage de drogues psychotropes, le stress, la maladie ou la vieillesse peuvent provoquer une « non-coïncidence », une séparation du corps astral et du corps physique : on parle alors de phénomène de dédoublement ou de bi-location.

On connaît d'innombrables cas de personnes ayant eu la sensation de quitter pour un instant leur corps. Certains estiment que la chose se produit naturellement au cours du sommeil ; pour eux, le rêve classique dans lequel on s'imagine voler serait en fait le souvenir d'une expérience réelle, l'expérience extracorporelle. Dans cette situation, le corps astral peut soit voyager dans le monde physique, soit entrer dans une autre dimension, dite « astrale ». Lors de son expérience, Larry Mayer a eut la chance de vivre les deux.

DES PHENOMENES INEXPLICABLES

Les récits d'expérience extra-corporelle sont très nombreux. Jenny Randles, connue pour ses travaux sur le paranormal, se pencha sur le cas d'un enfant de cinq ans, hospitalisé dans une ville du nord de l'Angleterre… et qui prétendait avoir assisté à sa propre intervention chirurgicale sous anesthésie générale. Très innocemment, le garçonnet demanda à ses médecins pourquoi ils n'avaient pas voulu répondre aux questions qu'il leur avait posées au cours de l'opération. Il ajouta que, du plafond où « il » se trouvait, il avait vu les chirurgiens placer dans son corps une valve en plastique. Mais le plus étonnant est qu'il put donner une description détaillée de la valve, alors qu'il ne l'avait jamais vue. Les médecins avaient en effet préféré ne pas lui montrer avant l'intervention, de peur d'inquiéter l'enfant. Malheureusement, cette partie de son récit demeure encore inexplicable.

Autre récit surprenant d'expérience extra-corporelle, celui du biologiste Lyall Watson. Suite à un accident de car survenu au Kenya, il eut l'impression de flotter au-dessus de la route et aperçut un jeune garçon coincé sous les roues du véhicule accidenté. Le car menaçait dangereusement de basculer sur l'enfant et de l'écraser. Watson réintégra immédiatement son corps, coincé à l'intérieur du car, et réussit à se dégager du véhicule. Il se précipita à l'endroit où il avait « vu » l'enfant et put ainsi le sauver à temps.

A LA RECHERCHE DE PREUVES

Les croyances anciennes et les expériences extra-corporelles ont beau être nombreuses, elles ne peuvent à elles seules forger la conviction d'un scientifique sur la réalité du voyage astral. Comme il s'agit par définition d'une expérience « intime » et non observable par autrui – le corps astral étant invisible – ,les témoignages sont toujours relatés a posteriori par les personnes ayant elles-mêmes vécu l'expérience. C'est pourquoi de tels récits sont légitimement sujets a caution. Ne s'agit-il pas de simples rêves extralucides? Les témoins ne sont-ils pas abusés par leur propre imagination? Pour s' en assurer, quelques scientifiques dépourvus de préjugés ont cherche a vérifier l'authenticité des témoignages.

Le Dr Charles Tart effectua ainsi des tests sur une femme, originaire de Californie, qui prétendait pouvoir vivre des expériences extra-corporelles. II inscrivit pour cela un nombre aléatoire a cinq chiffres sur une feuille de papier, qu'il plaça sur une étagère. La femme, reliée a un électroencéphalogramme, était assise en dessous de l'étagère. Sur quatre tentatives, elle donna le nombre correct une seule fois, mais il s'agissait de celle ou elle indiquait avoir quitte son corps. Au cours du test, I'électroencéphalogramme traita des ondes cérébrales anormales, correspondant a un état de conscience modifiée.

Le parapsychologue Karlis Osis, membre de l'American Society for Psychical Research, poussa I'expérience plus loin. Dans une boîte située près du plafond, il plaça une image kaléidoscopique, visible seulement a travers un trou amenage dans la boîte. L'expérience fut relativement concluante, mais on reprocha a Osis d'avoir mis au nombre des tentatives réussies celles ou une partie seulement du dessin d'ensemble avait été correctement retranscrite par le sujet.

Parmi les scientifiques cherchant une explication rationnelle aux expériences extra-corporelles. 1a psychologue Susan Blackmore occupe une place a part. En effet, c'est a partir de ses propres tentatives de dédoublement qu'elle se forgea une opinion. .Au cours d'une séance de relaxation induite (alors qu'elle était alors encore étudiante), Susan Blackmore eut l'impression de flotter au-dessus des bâtiments de son université. Mais par la suite, lorsqu'elle procéda a certaines vérifications, elle s'aperçut que, dans la réalité, les tuiles et les cheminées ne correspondaient pas a celles qu'elle avait cru voir au cours de l'expérience. La psychologue en conclut que son voyage astral, comme toutes les expériences extra-corporelles en général, n'était en fait qu'une construction imaginaire et onirique, mais dotée d'un «effet de réalité» si saisissant qu'elle parvient a tromper le sujet et a lui faire prendre son rêve pour une expérience authentique.

L'ARGUMENT DE L'EPILEPSIE

Selon un spécialiste canadien du cerveau, Ie Dr Persinger, un des mécanismes pouvant expliquer cette illusion est l'épilepsie temporale. Les crises épileptiques suivent des décharges électriques se produisant a l'intérieur du cerveau. Lorsque ces décharges se concentrent sur les lobes temporaux - parties du cerveau constituant Ie principal centre de stockage de la mémoire-, la crise ne se manifesterait pas sous forme de convulsions, mais créerait chez l'épileptique un état de conscience modifiée, durant lequel il éprouverait des fantasmes particulièrement vifs.

Le Dr M.C. Walker, membre d'un groupe de recherche sur I' épilepsie, réfute cette thèse. II rappelle notamment que la stimulation cérébrale, si elle provoque des contractions musculaires, des illusions optiques ou des troubles émotionnels, n'a en revanche jamais induit des hallucinations complexes et durables. Et Walker d'ajouter que le syndrome épileptique s'accompagne toujours de nausées, d' étourdissements et de palpitations. Or les sujets relatant une expérience extracorporelle n'ont jamais ressenti ces troubles, ni avant ni pendant leur voyage.

Les expériences extra-corporelles restent, a l'heure actuelle, inexpliquées. Manque d'intérêt ou de financements: aucun projet de recherche a long terme n'a été entrepris. Quelle avancée, pourtant, si la science réussissait a offrir a l'Homme le moyen de réaliser l'un de ces plus vieux rêves : voler !