Mystère des Hommes des tourbières






Les hommes des tourbières constituent des vestiges d'un très grand intérêt pour l'archéologie. Certains détails anatomiques ou morphologiques ont été préservés sur ces corps, comme les tatouages ou les empreintes digitales. Le médecin légiste danois C.H. Vogelius Andersen fut même surpris de constater que les empreintes digitales de l'homme de Grauballe étaient plus nettes que les siennes.










Le premier corps découvert à Nederfrederiksmose en 1898


     Des restes momifiés d'hommes et d'animaux ont été retrouvés dans des tourbières en Grande-Bretagne, en Irlande, en Allemagne du Nord, aux Pays-Bas (Drenthe, Zélande), au Danemark (Jutland) et en Suède méridionale. Les premières mentions de trouvailles de ce genre remontent au XVIIIe siècle (momie de Kibbelgaarn aux Pays-Bas, en 1791). Le premier corps retrouvé dans une tourbière et photographié remonte à 1898. La découverte a eu lieu à Nederfrederiksmose (Danemark).





    Il est impossible de dire d'emblée, lorsqu'on découvre un tel cadavre, s'il a été enseveli il y a une décennie, un siècle ou quelques millénaires : ce sont les progrès accomplis par la médecine légale au cours du XXe siècle (notamment la radiodatation, les CT-scans, les images en 3D) qui ont permis d'en savoir davantage sur l'époque où vivaient ces hommes, sur l'âge au moment de leur décès, etc. Les biologistes ont pu étudier les fragments de peau, reconstituer les traits du visage ou déterminer les derniers aliments absorbés avant la mort en analysant le contenu de l'estomac. La denture permet également de déterminer l'âge approximatif du mort et son régime alimentaire.





    Plus d'un millier de corps ont été extraits de tourbières associées à la culture celtique de l'Âge du Fer, bien que la plus vieille momie des tourbières, la femme de Koelbjerg, découverte sur l'île de Fionie, ait été datée de 8000 av. J.-C. et remonte donc au début du Mésolithique. La momie la plus récente est celle d'une irlandaise du XVIe siècle qui a dû être ensevelie en terre non consacrée parce qu'elle s'était suicidée. Les plus anciens cadavres celtes remontent au IVe siècle av. J.-C.





Cause du décès




    Beaucoup d'hommes des tourbières semblent avoir été exécutés, de façons d'ailleurs fort différentes : poignardés, égorgés, matraqués ou pendus. Les seins de l'homme de Croghan, par exemple, ont été tranchés. Les cadavres ont parfois été décapités, puis jetés de propos délibéré dans la tourbière, et enfoncés sous la vase à l'aide d'une perche, de racines de saule ou de baguettes de noisetier.




    Pour le peuple Germanique, comme pour bien d'autres peuples de l'Antiquité, les marécages et les miasmes (émanations putride provenant de corps en décompositions) marquaient des passages entre le monde des vivants et le monde des morts. Aussi y pratiquaient-ils souvent leurs sacrifices rituels, marquant par là que la victime était vouée aux divinités infernales.


    L’écrivain latin Tacite rapporte également qu'ils exécutaient les lâches, les fuyards et ceux qui manquaient d’ardeur au combat en les précipitant dans un marécage : « Proditores et transfugas arboribus suspendunt, ignavos et imbelles et corpore infames cæno ac palude, injecta insuper crate, mergunt.. » (« Ils pendent les traîtres et les fuyards aux arbres, et noient les lâches, les infirmes et ceux qui refusent de se battre dans la fange et les marais, en les couvrant de branchages. »)






L'Homme de Lindow




    Les résultats des expertises médico-légales ne permettent toujours pas de discriminer s’il s’agissait d’exécutions rituelles consécutives à un crime commis par la victime, ou de sacrifices religieux. Certains cadavres, comme celui de l’homme de Tollund (Danemark) ou l'homme de Lindow (Angleterre), ont été retrouvés avec la corde qui a servi à les étrangler. D'autres, comme la fille d'Yde aux Pays-Bas et les momies d'Irlande, avaient les cheveux coupés très courts sur une partie du crâne.








L'Homme de Tollund




    Les hommes des tourbières appartenaient majoritairement à la classe aisée : leurs ongles sont manucurés et les tests effectués sur les protéines cutanées révèlent une alimentation abondante. Nous savons par le géographe Strabon que les Celtes pratiquaient la divination sur les entrailles des hommes sacrifiés : en effet, on relève sur certains corps (par exemple l'un des hommes de Weerdinge retrouvés aux Pays-Bas dans la province méridionale de Drenthe), que les entrailles ont été extraites en partie par des incisions.





Conséquences archéologique




    Dans le cas des « momies » de Cladh Hallan, les immersions dans la tourbe ont pu être interprétées comme une technique primitive d'embaumement pour les nobles.






La fille d'Yde


    Aujourd'hui, les rayons X sont une étape préliminaire importante pour l'examen des hommes des tourbières, car ils permettent de dessiner la forme de la momie intacte au sein de la gangue de tourbe. On peut alors dégager le corps sans risque de l'endommager par un creusement hâtif. La datation par le carbone 14 est très fréquemment utilisée, car elle permet de situer chronologiquement la période d'enfouissement, du moins jusqu'à la fin du Paléolithique. Pour ce qui est des causes du décès, dans un nombre surprenant de cas, on constate qu'il s'agit d'une mort violente voire d'une exécution. L'homme de Tollund, par exemple, avait un lacet serré autour du cou et l'homme de Windeby I a été repoussé au milieu du marécage à l'aide d'une perche.






Reconstitution du visage de la fille d'Yde


    Comme la tourbe préserve les tissus mous, le contenu de l'estomac peut presque toujours être analysé. On peut ainsi connaître précisément le régime alimentaire de ces populations. La reconstruction faciale donne aussi des résultats impressionnants ; conçue à l'origine pour identifier les victimes de crimes contemporains, cette technique permet de reconstituer les traits du visage à partir de la forme du crâne et de l'âge de la victime au moment du décès. Ainsi, Richard Neave de l'université de Manchester a pu reconstituer en 1993 le visage de la fille d'Yde, à partir de tomographies du crâne. Cette momie et sa reconstruction faciale sont exposées au musée de Drenthe à Assen. On a pu également reconstituer le visage de l'homme de Lindow (British Museum à Londres), et de Windeby I (Archäologisches Landesmuseum, Schleswig, Allemagne).





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1 commentaires :

  1. elle leur donna un masque magique avec lequel ,ils pouvaient, dès le soir, la rejoindre secrètement dans une tour bâtie an bord des écluses.« Ils y restaient avec elle jusqu'à l'heure ou les hirondelles de mer recommençaient à passer devant les fenêtres de la tour; alors la princesse leur disait bien vite Adieu, et, pour qu'ils puissent sortir sans être vus comme ils étalent arrivés, elle leur remettait le masque enchanté; mais cette fois il se resserrait lui même les étranglait !. Un homme noir prenait alors le corps mort, le plaçait en travers sur son cheval , comme un sac de monture et jeter au fond d’un précipice, entre Huelgoat et Poullaouen. Ceci est bien la vérité, car aujourd'hui même, pendant les nuits sombres, on entend, au fond de la ravine, les plaintes de leurs âmes. Que les Chrétiens pensent a elles dans leurs prières!
    http://an-uhelgoad.franceserv.com/cadregouffre.htm
    Cette légende bretonne du Huelgoat et son mythe du Gouffre qui est aussi l' une des porte des enfers comme est les marais du Yeun-elez qui marquaient des passages entre le monde des vivants et le monde des morts. Aussi y pratiquaient-ils souvent leurs sacrifices rituels, marquant par là que la victime était vouée aux divinités infernales.
    Les momies des tourbières d'Irlande je ne connaissais pas quand cette page sur mon site Personnel Le Gouffre était encore il y a pas encore longtemps le lieu le plus suicidaire en Bretagne
    philippe

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